• Epousera, ou pas...

     

    Epousera, n'épousera pas...

     

    Il arrive parfois que nous rencontrions dans les registres de BMS des promesses de mariage, voire la publication de bans sans que le mariage en lui-même n’y succède. Notre logique nous fait alors supposer que le couple fiancé s’est marié dans une autre paroisse. Pourtant le respect de ces étapes juridiques garantissait la possibilité aux tiers d’exprimer les motifs d’un empêchement. Il permettait aussi un temps de réflexion durant lequel, les époux ou les familles pouvaient juger des « avantages » à permettre cette union ou non. Le mariage n’était pas qu’une affaire de cœur, mais aussi une stratégie pour la conservation du patrimoine, et des titres dans certaines familles.

     

    Les exemples de résiliations sont assez rares, et c’est cette fois Hubert GUILLEMOT qui m’apporte un bel acte notarié  établi en l’étude de Me ROUMAIN du Plessix en la juridiction royale de St-Méen :

    Chacun peu lire dans les registres paroissiaux les promesses de mariage entre Mathurin SOUABAUT et Reine ROPTIN. Elles se déroulèrent le 12 juillet 1784 à Trémorel en présence de Louis ODIE, Julien SOUABAUT, François ROPTIN et Gilette LORAND. Les bans se succédèrent rapidement, les 18 et 25 juillet et le 1er aout 1784. Le fiancé est fils mineur de feu Thomas et Mathurine MARIVIN. La promise est fille majeure de feu Alain et Gilette LORAND.

     

    Seulement voilà, pas de mariage. Le 8 janvier 1785, au tablier de Maitre ROUMAIN, « ont en personnes comparus, Mathurin SOISBAUT, mineur emancipé de justice, sous l’autorité de Mathurin CHICOUESNE, son curateur, demeurant le premier à la Basse Touche, paroisse de St Jean de St Méen et le d. CHICOUESNE à la Cheze, paroisse de Tremorel et Reine ROPTIN, demeurant à la Congrais, psse de Trémorel, tous évêché de St Malo,  entre lesquels s’est passé le present par lequel il a eté reconnu que le d. SOISBAUT et lad. ROPTIN avoient fait des promesses de mariage et qu’il a eté procedé par M. le recteur de Tremorel à la publication des trois bancs, mais pour des raisons particulieres aux dits SOISBAUT et ROPTIN, ils ont declaré l’un et l’autre ne vouloir passer outre au mariage proposé entre eux et ne vouloir l’un et l’autre s’epouser.

    En consequence, le d. SOIBAUT et la ditte ROPTIN ont unanimement declarés consentir comme de fait : ils consentent que chacun d’eux contracte mariage avec tout autre personne que bon leur semblera sans que l’un deux puisse y mettre empechement ni opposition, renonçant à le faire de part et d’autre, se desistant à pur et à plain des dittes promesses de mariage, voulant et consentant que le present desistement ait tout son effet.

    Les frais du present (trois livres) seront paiés par les dits SOISBAUT et ROPTIN par moitié qui s’en feront delivrer chacun une copie du present et ont declaré les parties se quittent respectivement et la d. ROPTIN a remis au d.  SOISBAUT douze livres qu’il lui avoit donné pour hares. »

     Epousera, n'épousera pas...

    Reine ROPTIN se maria finalement le 12 janvier 1786 à Trémorel avec Jean QUELLEU, fils majeur de feu Mathurin et de défunte Jeanne LHERMINE. Il n’y eut effectivement aucune opposition à son mariage. Reine, décédée le 12 mars 1829 à Trémorel à l’âge de 74 ans,  est dite ménagère, fille d’Alain et Gilette LORAND et veuve de Jean QUELLEU.

    Quant à Mathurin SOISBAULT, il décéda le 24 novembre 1836 à Trémorel à l’âge de 73 ans. Il est dit cultivateur, né à Trémorel, fils de Thomas. Il a semble t-il lui aussi trouvé chaussure à son pied puisqu’il est dit veuf de Mathurine JAIGU.

     

    Sources  AD 22, BMS de Trémorel, page 180/303, lot 1773 – 1792 ; page 203/303, lot 1773 – 1792 ; page 317/365, Lot 1816-1830 ; page 147/271, Lot 1831-1843 ; AD 35, 4E 65 209, minutes de Me ROUMAIN Du Plessix, notaire à St Méen, année 1785.

     

    Travail réalisé d’un commun accord, avec  publication de bannies sur Gen 56, mais sans aucune promesse de réussite,

    de Messire Hubert et Dame Brigitte     le 25 octobre 2013. 

      

    Bonsoir à tous

    Pour rester dans le sujet, il pouvait en coûter fort cher de rompre les fiançailles. En tout cas c'est ce que dut se dire Olivier GLART quand il se vit présenter la note de frais  de 61 livres 16 sols 5 deniers que lui réclama en justice Mathurine PORTIER à la suite de son refus de concrétiser le mariage qu'ils avaient projeté ensemble et que le dit GLART refusa d'entériner alors que toutes les formalités nécessaires avaient déjà été initiées.
    Brigitte, je t'adresse sur ta boîte personnelle, copie de la transcription que j'ai faite en son temps d'un document du    28.07.1694 où la Sénéchaussée royale de Ploërmel avait donné gain de cause à Mathurine PORTIER la plaignante en condamnant son ex à la dédommager des différents frais qu'elle avait engagés en vue du mariage.

    Si tu estimes que ce document est susceptible d'intéresser les  membres du forum, tu as mon feu vert pour le publier sur ton blog.

    Cordialement.  Maurice OREAL

     


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