Jouez hautbois, raisonnez musettes !

Le jour de la St-Jean 1695, Joseph RINCEL s’en alla au bourg de Guilliers « chez les hosteliers Joseph NOUVEL et sa femme, pour s’y réjouir dans une assemblée, à l’occasion d’une aire qu’ils faisaient fouler pour battre le blé. Il fut surpris de se voir refuser l’entrée par les joueurs de haulbois qui lui profererent des injures ».

Si l’on peut deviner aisément la suite, montée des échanges verbaux, voire bagarre généralisée, l’instrument cité, lui, peut paraître bien surprenant.

 Je le rencontre à nouveau en 1687, jour de fête de Sainte-Anne, alors qu’un marchand mercier de Loyat allait en pèlerinage à la chapelle du village de Lézillac en Taupont. « Il joua deux ou trois notes de haultbois à la demande de la femme de Pierre FILLY ». Là aussi s’en suivit une histoire de coups de bâton.

Pourquoi donc un hautbois en pleine campagne bretonne fin XVIIème siècle ? La réponse est simple et purement de vocabulaire. Il s’agit dans ce cas de hautbois traditionnel, famille qui regroupe la bombarde, la cornemuse, et autre gaïta, zurna... Dans nos textes anciens de Bretagne, il est probablement question de bombarde. Je n’étais donc pas sur la bonne partition en imaginant le hautbois classique, s’essouffler ou se  dé-ancher  devant la chapelle Sainte-Anne. Les hautbois baroque et classique font partie des hautbois dits modernes… comme quoi l’espace temps en musique garde son propre tempo.

Jouez hautbois, raisonnez musettes…

Mais gare aux bâtons…

Qui a dit que la musique adoucissait les mœurs ?

Sources AD56 Sénéchaussée  royale de Ploërmel

Séries B4173 P1060562 et B4138 P1140224

Texte Brigitte Salgues le 12 février 2014.

Trois sortes de bombarde.